Horizom culture durable
3 min
September 16, 2025

Pourquoi les cultures non alimentaires sont l’avenir de l’agriculture française

Sommaire

Une agriculture française sous pression : entre crises climatiques et économiques
Transition écologique : des terres libérées et un modèle à réinventer
Cultures non alimentaires : une solution concrète pour diversifier les revenus agricoles
Objectif neutralité carbone : la biomasse au cœur de la stratégie française
Des nouvelles filières qui participent à notre souveraineté

Une agriculture française sous pression : entre crises climatiques et économiques

Les récentes mobilisations du monde agricole ont mis en lumière une réalité alarmante : le modèle agricole français est à bout de souffle. Ultra-spécialisées, les exploitations peinent à faire face à la multiplication des aléas climatiques, à la volatilité des prix, aux nouvelles attentes sociétales et à la concurrence internationale.

Selon une enquête de The Shift Project, 80 % des agriculteurs expriment leur inquiétude quant à la viabilité de leur exploitation face au changement climatique. En 2024, des conditions météo extrêmes ont frappé de plein fouet les filières agricoles, notamment la viticulture : la production est en recul de 18 % par rapport à 2023.

En Gironde, l’ampleur de la crise viticole est telle que 20 % du vignoble bordelais devrait être arraché d’ici deux ans. Un chiffre qui illustre l’impasse d’un système trop dépendant de cultures uniques.

Transition écologique : des terres libérées et un modèle à réinventer

La transition agroécologique impose aussi une révision des pratiques. Pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, une diminution de 20 % à 70 % de la consommation de viande d’ici à 2050 est nécessaire selon l’Institut de l’économie pour le climat. Une évolution qui se traduira par la libération d'une partie des surfaces agricoles, puisque 64 % de la SAU française est aujourd'hui consacrée à l'alimentation animale.

Cette mutation du modèle agricole n’est pas seulement une contrainte : c’est une opportunité pour repenser les assolements et développer des cultures innovantes, plus résilientes et adaptées aux enjeux du XXIe siècle.

Cultures non alimentaires : une solution concrète pour diversifier les revenus agricoles

Les cultures non alimentaires apparaissent comme un levier stratégique pour la diversification agricole. Chanvre, miscanthus, bambou ou encore paulownia se développent progressivement dans certaines régions, notamment en Nouvelle-Aquitaine.

Pourquoi ces cultures séduisent-elles ?

  • Faibles besoins en intrants (engrais, pesticides)
  • Résilience aux aléas climatiques
  • Valorisation dans de nombreuses filières : matériaux biosourcés, chimie verte, énergies renouvelables, etc.
  • Rentabilité économique prometteuse, avec des débouchés en pleine croissance

Contrairement à une idée reçue, ces cultures ne mettent pas en péril la souveraineté alimentaire. La France est exportatrice nette de calories pour l’alimentation humaine. Mieux : le développement de ces filières peut renforcer la résilience économique des exploitations, tout en participant à la décarbonation de l’économie.

Objectif neutralité carbone : la biomasse au cœur de la stratégie française

D’ici 2050, la France devra diviser par 6 ses émissions de gaz à effet de serre et doubler ses puits de carbone. Pour y parvenir, réduire la dépendance aux ressources fossiles dans les matériaux et les énergies est indispensable.

Les cultures dédiées à la biomasse joueront un rôle crucial. Le rapport Bouclage Biomasse prévoit un besoin de 1,5 million de tonnes de matière sèche supplémentaire d’ici 2030. Le scénario Afterres 2050 envisage quant à lui 200 000 hectares dédiés aux cultures pérennes non alimentaires.

Ces surfaces devront être trouvées sans compromettre la sécurité alimentaire. La diversification par des cultures non alimentaires apparaît alors comme une réponse gagnant-gagnant : pour le climat, pour les filières industrielles, et pour les agriculteurs en quête de nouveaux débouchés.

Des nouvelles filières qui participent à notre souveraineté

Si le terme de souveraineté alimentaire revient souvent dans le débat public, quand est-il de notre souveraineté énergétique, ou industrielle ? Nous chauffer, nous déplacer, ou isoler nos bâtiment, sont des besoins tout aussi essentiels que nous nourrir. La biomasse est une ressource dont le transport est coûteux, elle doit donc être valorisée localement. Aller vers une économie basée sur la biomasse, c'est développer des filières industrielles locales, créatrices de valeur sur le territoire, tout en renforçant notre souveraineté sur des secteurs stratégiques.

Une opportunité à saisir pour l’agriculture française

La France dispose d’un atout considérable : des agriculteurs compétents, des terres fertiles et un savoir-faire reconnu. Pour faire face aux défis environnementaux et économiques à venir, il est urgent de soutenir des solutions de diversification agricole durables.

Les cultures non alimentaires, encore trop peu développées, offrent une vraie opportunité de transition pour un secteur en quête de résilience, de reconnaissance et de perspectives.

Article issu de la tribune dans les Échos de Dimitri Guyot, co-fondateur et directeur technique d’Horizom, parue le 11 février 2025.